Rencontre avec Gilbert Beaubatie.
Nous avons rencontré Gilbert Beaubatie, rédacteur des textes du Chemin de Mémoire des Saulières, le 31 octobre 2013.
A l’occasion de la soixante-dixième commémoration du massacre de la Besse, le Chemin de Mémoire des Saulières va être inauguré ce 17 novembre 2003. L'Association Histoire et Mémoire en Corrèze, en étroite collaboration avec l'Association des Saulières, s’est penchée sur l'histoire des 4 camps de maquis des Saulières. Georges Bugeat, Michel Escurat et Jean-Jacques Raoux ont effectué des recherches aux Archives départementales de la Corrèze, au Musée Edmond Michelet à Brive, aux Archives du Service historique de la Gendarmerie Nationale, dans les journaux de l'époque, à la cinémathèque du Limousin … De plus, ils ont recueilli les souvenirs de plus de 20 témoins directs, corréziens, mais aussi lorrains.
Gilbert Beaubatie vous avez également participé à ce travail de mémoire. A partir de ce corpus, vous avez rédigé, en tant qu'historien et correspondant départemental de l’Institut d’histoire du temps présent, les textes des jalons qui ponctuent ce chemin de Mémoire.
Pourriez-vous nous dire comment vous avez abordé ce travail de synthèse ?
° Bien volontiers, et je vous dirai que cela a été pour moi une belle aventure, longue, certes ponctuée de nouvelles demandes ou exigences, le plus souvent techniques, auxquelles il a fallu se plier. Vous avez dit « travail de Mémoire ». Oui, grâce à vous trois, qui avaient eu l’heureuse idée et pris la peine de retrouver les derniers survivants – corréziens et lorrains - et de les faire parler sur cette si douloureuse page de l’histoire de la Corrèze. Votre contribution à l’écriture de l’histoire a été on ne peut plus précieuse. Grâce à cet apport inestimable, nous avons pu réaliser ensemble, en plus de ce travail de Mémoire, un véritable travail d’Histoire. L’interview du regretté Albert Uminski, un Résistant de la première heure, aura été un moment clé de ce processus, long mais passionnant, qui a conduit à la réalisation, non seulement de ce Chemin de Mémoire, mais aussi du film sur les Maquis des Saulières intitulé « Il y avait la forêt des Saulières. »
Derrière ce Chemin de Mémoire, quelles sont les intentions qui se profilent ?
° D’abord il s’agit de mettre en valeur un site emblématique de la Résistance en Corrèze, sur lequel existe déjà une plaquette illustrée, dont les auteurs sont Jean-Jacques Raoux et François Valette. Ensuite, de proposer à partir des précieux témoignages recueillis et d’archives, connues ou inédites, un récit à caractère historique.
Comment se présente la matérialisation de ce récit ?
Sur un parcours long d’environ 4 km, mais adapté au grand public à la suite d’aménagements importants, dix totems ont été installés. Sur des plaques d’ardoise, il est possible de trouver d’utiles informations pour comprendre pourquoi et comment le massacre du 15 novembre a été perpétré. Les événements dont il est question sont replacés dans leur déroulement chronologique.
Pouvez-vous nous présenter succinctement ces dix textes ?
° Dix textes, alors qu’au départ il y en avait 18 – nombre ô combien symbolique 1! D’où des concisions sans doute frustrantes. Mais ces dix textes visent à rappeler le contexte d’une période « sombre et noire », au cours de laquelle des hommes, au péril de leur vie, ont dit Non à l’insupportable, au nom du patriotisme.
1 C’est le nombre de maquisards qui ont été massacrés par les soldats allemands le 15 novembre (cf. neuvième texte).
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Puisque vous me le demandez, je vais brièvement introduire chaque texte :
Premier texte : Tout commence à partir de mai et juin 1940, au moment où la France subit un incroyable « effondrement » (Marc Bloch).
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Deuxième texte : Mais à Londres, comme à Brive, presque au même moment, certains appellent à résister.
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Troisième texte : A partir d’août 1941, un « vent mauvais » souffle un peu partout, y compris à Sainte-Féréole.
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Quatrième texte : L’instauration du Service du travail obligatoire (février 1943) est vite suivie de la constitution des premiers maquis.
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Cinquième texte et sixième textes : Dans la forêt des Saulières, l’Armée secrète installe et organise des camps de maquisards, prêts à en découdre avec l’occupant.
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Septième texte : Le 11 novembre, devant le monument aux morts de Sainte-Féréole, se déroule une manifestation à caractère patriotique.
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Huitième et neuvième textes : Quatre jours plus tard, l’intervention des forces allemandes provoque un massacre épouvantable.
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Dixième texte : Les rescapés des Saulières vont participer aux combats de la Libération de Brive et du département de la Corrèze.
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En guise de conclusion, je citerai mon ami, le grand historien Pierre Laborie :
« Il n’y a plus d’histoire quand on ne cherche plus à comprendre mais seulement à juger et à stigmatiser ».
Eh bien, tous les quatre, nous avons cherché « à comprendre ».
N.B. Vous pouvez aussi accéder aux 10 textes en allant dans la rubrique "La résistance 1942-45" puis dans le menu de droite "Les Jalons du Chemin de Mémoire".
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